La Ligue sénégalaise contre le tabac (Listab) n’a pas caché son étonnement suite au retard qu’accuse l’adoption du décret d’application de la loi réglementant la commercialisation du tabac au Sénégal, un an après sa finalisation. Elle a fait savoir lors d’une conférence de presse tenue ce mardi 18 février à Dakar. C’était en présence de la société civile sénégalaise engagée dans la lutte anti-tabac et l’ONG américaine Campaign For Tobacco Free Kids (Cftk).
La LISTAB tire la sonnette d’alarme et interpelle le Gouvernement du Sénégal pour une adoption immédiate du décret portant application de la loi N° 2014-14 du 28 Mars-2014 sur les modalités, procédures, conditions de délivrance et de retrait de l’autorisation d’ouverture et de fermeture de débit de tabac.
Elle l’a fait savoir lors de son face-à-face avec la presse, dans la matinée de ce mardi à Dakar. Une rencontre durant laquelle cette organisation a fait part de son étonnement vu le statu quo observé un an après la finalisation du décret d’application de ladite loi par le ministère de santé. Une loi que les responsables de la LISTAB qualifient de révolutionnaire dans la lutte antitabac en Afrique de l’Ouest.
Le président de la LISTAB, M. Amadou Moustapha Gaye qui se désole de cette situation souligne : « Malgré un historique assez remarquable dans la lutte antitabac, notre pays enregistre aujourd’hui une situation qui risque de ternir sa crédibilité quant à son engagement et sa solidarité pour la santé publique dans le domaine du tabac ».
En effet, fustige-t-il, ce texte de loi reste en souffrance depuis plus d’une (1) année au niveau du Secrétariat Général du Gouvernement quand bien même validé par un comité officiel.
Une situation qui pousse ainsi la société civile sénégalaise à s’interroger sur les motivations du retard de l’adoption du décret en Conseil des Ministres.
Un état de fait jugé plus qu’étonnant d’autant plus que, souligne M. Gaye, le Président de la République, M. Macky Sall, en abordant la question du cancer lors du Conseil des Ministres du 30 Mai 2018 avait encouragé le Gouvernement à intensifier la lutte contre le tabagisme par la mise en application de l’ensemble des dispositions de la loi antitabac votée en 2014.
La LISTAB tient à noter que « l’adoption de ce décret capital verra le Sénégal positionné comme pionnier en Afrique de l’Ouest, et va bouleverser tous les codes historiques de distribution du tabac au Sénégal menant ainsi vers une nouvelle culture de commerce formalisé du tabac ».
Sous un regard plus alerte, le Secrétaire Exécutif de la LISTAB, M. Djibril Wélé se demande : « qui sont les personnes tapies dans l’ombre et qui militent pour que la publication de ce texte d’application soit davantage retardée ».
Devant cet état de fait, il estime qu’au-delà de cette conférence de presse, la société civile prévoit de faire le tour des familles religieuses pour sensibiliser les hommes de cultes et faire le plaidoyer à leur niveau pour que cette situation soit décantée.
Pour démontrer la pertinence de leur combat, M. Bamba Sagna de l’ONG Campaign For Tobacco Free Kids (Cftk) juge inadmissible de continuer à voir « un produit aussi dangereux que le tabac » être commercialisé au même titre que les denrées de consommation courante.
Conscient de la farouche opposition à laquelle elle va s’exposer une fois le décret d’application adoptée, vue l’impact financier que va subir une industrie du tabac très puissante, la LISTAB compte remobiliser tous les acteurs engagés dans ce « combat citoyen ».
C’est à cet effet que la conférence de presse avait rassemblé une audience composée de hauts représentants de diverses structures telles que le Ministère de la Santé, l’Organisation Mondiale de la Santé, le Programme National de lutte contre le Tabac, l’ONG Campaign For Tobacco Free Kids, ainsi que d’autres parties prenantes influentes de la lutte antitabac.
Source : fr.allafrica.com