L’Alliance pour la convention cadre de lutte antitabac (FCA) relève l’insuffisance des financements destinés aux programmes de lutte contre le tabagisme en Afrique.
Malgré le coût relativement faible des « stratégies » de lutte contre le tabac et les importants avantages qu’il est possible d’en tirer pour la santé des populations, les acteurs antitabac de la « région Afrique attestent du défi critique qui réside dans le manque de capacités (…) à mener des activités de plaidoyer », a dit à l’APS la coordonnatrice de la FCA en Afrique, Ndèye Fatou Diouf.
L’Alliance pour la convention cadre de lutte antitabac, une organisation non gouvernementale, soutient la campagne de plaidoyer menée durant le mois en cours par des organisations de la société civile en vue d’une taxation des produits à base de tabac.
« Diverses études ont été menées sur l’impact de la taxation du tabac sur la consommation et la santé dans le pays », a-t-elle rappelé, parlant du Sénégal.
Mme Diouf estime que pour le même pays, « peu d’efforts ont été fournis pour intégrer d’autres mesures » (des mesures différentes de la taxation) de la Convention cadre de lutte antitabac dans les études menées au Sénégal.
Ce constat a conduit la FCA à mettre en œuvre un projet de « plaidoyer budgétaire » au Sénégal, de même qu’en Ouganda, pour « renforcer la capacité des acteurs de la société civile », concernant les dépenses relatives à la santé, selon la coordonnatrice de la FCA en Afrique.
Le but du projet, a-t-elle indiqué, est de « mener des campagnes de sensibilisation visant à augmenter les crédits budgétaires alloués aux plans et programmes de lutte antitabac ».
Concernant la taxation visant à réduire l’ampleur du tabagisme, Ndèye Fatou Diouf affirme, sur la base de données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qu’en moyenne, une hausse de 10% sur les paquets de cigarettes peut entraîner une baisse de 4% de la demande de tabac dans les pays à revenu élevé, et de 4 à 8% dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
« Le Sénégal est confronté à beaucoup de difficultés, concernant le financement de la couverture maladie universelle, de la lutte contre le tabac et les maladies non transmissibles », a remarqué Mme Diouf.
A cause du « manque de ressources suffisantes », les objectifs fixés en matière de lutte contre le tabac « ne sont pas suffisamment atteints », selon Ndèye Fatou Diouf.
Dès lors, il est salutaire d’ »utiliser les taxes sur le tabac pour un financement durable au niveau national, afin de réduire les inégalités d’accès à la santé et renforcer le système de santé ».
Une coalition d’organisations de la société civile baptisée « Taxawu santé » (soutenir la santé) semble en être consciente, puisqu’elle envisage un prélèvement de 5% sur les recettes générées par le commerce du tabac et de ses dérivés, afin de financer la couverture maladie universelle, la lutte contre le tabac et les maladies non transmissibles, selon la coordonnatrice de la FCA.
Le tabagisme est « l’une des plus graves menaces (…) sur la santé publique mondiale, avec plus de 8 millions de morts par an dans le monde », a-t-elle indiqué.
La FCA, créée en 1999, regroupe plus de 500 organisations réparties dans une centaine de pays. Elle représente la société civile dans le plaidoyer menée au sein de la convention-cadre contre le tabac, un traité mondial de santé publique élaboré sous l’égide de l’OMS.
Ce traité entré en vigueur en février 2005 contraint les parties concernées à adopter des « mesures complètes » pour réduire ou éviter les « effets dévastateurs » du tabac sur la santé humaine.
Source : Aps.sn